Nothing, la jeune marque londonienne fondée par Carl Pei revient cette année avec deux nouveaux smartphones : les Nothing Phone (3a) et (3a) Pro. S’appuyant sur le succès du Phone (2a) de l’année dernière, ces nouveaux appareils visent à concurrencer directement des acteurs établis comme Google et Samsung dans le segment des smartphones à moins de 500 euros.
Le Nothing Phone (3a) Pro se démarque par son design transparent caractéristique, mais il ne mise pas uniquement sur l’esthétique. Nothing met également l’accent sur l’intelligence artificielle, avec un bouton dédié pour lancer un assistant IA. Cette fonctionnalité, combinée à l’interface Glyph signature de la marque, promet une expérience utilisateur à la fois fonctionnelle et ludique. Mais est-ce assez pour se démarquer encore plus de ses concurrents ? Voici notre avis sur la question après plusieurs jours de test.
Prix et disponibilité du Nothing Phone (3a) Pro
Proposé à 479 euros, le Nothing Phone (3a) Pro n’est disponible qu’en une seule configuration généreuse : 12 Go de RAM et 256 Go de stockage non extensible. Ce tarif le place au-dessus de son prédécesseur, mais cela reste assez compétitif face à des rivaux comme le Galaxy A56 de Samsung.
Disponible en gris ou noir, le Phone (3a) Pro sera commercialisé fin mars 2025. Bien qu’il soit le modèle le plus onéreux de la gamme milieu de gamme de Nothing, son rapport équipement-prix se veut attractif, défiant directement des appareils comme le Sony Xperia 10 VI ou le Xiaomi Poco X7 Pro. Cependant, il est 130 euros moins cher que le modèle de base, le Nothing Phone (3a), alors que celui-ci offre pourtant une fiche technique très similaire.
Design : la transparence toujours à l’honneur
Le Nothing Phone (3a) Pro est facile à reconnaître, il ne ressemble vraiment à aucun autre smartphone du marché. Fidèle à l’ADN de la marque, ce smartphone arbore un design transparent qui ne manque pas d’attirer l’attention. Cependant, ce qui le distingue véritablement de ses prédécesseurs, c’est son imposant bloc optique circulaire à l’arrière. Une véritable rupture avec l’esthétique habituelle de Nothing, se rapprochant cette fois-ci davantage des codes visuels adoptés par certains constructeurs chinois.

La firme britannique a fait le choix de ne pas aligner les capteurs photo, créant ainsi une asymétrie qui confère au téléphone une personnalité unique. L’ajout de ce bloc photo conséquent a inévitablement un impact sur l’épaisseur du smartphone. Avec ses 8,39 mm au point le plus fin, le Phone (3a) Pro est légèrement plus épais que son prédécesseur. Ses dimensions ont également été revues à la hausse, mais cela s’accompagne d’un écran plus grand, offrant une expérience visuelle améliorée. Malgré une augmentation de poids de 21 grammes pour 201 g à l’arrivée, l’appareil reste agréable à manipuler, même s’il a souvent tendance à vouloir tomber vers l’arrière lorsqu’on le prend en main trop bas.
Nothing a opté pour un cadre en plastique texturé. Le dos, auparavant en polycarbonate, est désormais en verre Panda Glass, un choix qui renforce la sensation premium tout en préservant la transparence caractéristique de la marque. Ce matériau, utilisé également pour l’écran, offre selon la marque une résistance accrue aux rayures et aux chocs. L’élément signature de Nothing, le système Glyph, est toujours présent. Composé de trois bandes LED entourant le bloc optique, il s’illumine pour signaler diverses notifications.

En termes d’ergonomie, le Phone (3a) Pro conserve une disposition classique des boutons, avec les touches de volume à gauche et le bouton d’alimentation à droite. Une nouveauté intéressante fait son apparition sous la forme d’un quatrième bouton, baptisé « Essential Key ». Situé sous le bouton d’alimentation, il offre un accès rapide à Essential Space, la nouvelle interface d’intelligence artificielle de Nothing.

Bon point, notons la présence d’un film protecteur pré-appliqué sur l’écran. De plus, le Phone (3a) Pro bénéficie d’une certification IP64, améliorant sa résistance à la poussière et aux éclaboussures par rapport à son prédécesseur, bien qu’il ne soit pas totalement étanche.
Le design du Nothing Phone (3a) Pro réussit le pari de rester fidèle à l’identité visuelle de la marque tout en apportant des évolutions significatives. Il parvient à se démarquer dans un marché où l’originalité se fait rare, tout en offrant une expérience utilisateur soignée et fonctionnelle.
Ecran : une calibration aux petits oignons
Avec une diagonale de 6,77 pouces, cette dalle AMOLED Full HD+ (2392 x 1080 pixels) est un peu plus grande que celle du modèle précédent, sans pour autant révolutionner le format. L’un des points forts de cet écran réside dans son taux de rafraîchissement adaptatif, capable d’atteindre 120 Hz. Bien que ce ne soit pas du LTPO, le système ajuste la fréquence entre 60, 90 et 120 Hz selon le contenu affiché, offrant un bon compromis entre fluidité et consommation d’énergie. Les joueurs noteront cependant que le taux est par défaut limité à 60 Hz dans les jeux, une restriction qui peut être contournée via les options développeurs.
En termes de luminosité, Nothing annonce des chiffres impressionnants avec un pic théorique de 3000 nits. Les tests de 01Lab révèlent des valeurs plus modestes mais néanmoins excellentes : environ 1302 cd/m² et un pic à 1305 nits en HDR. Ces performances assurent une lisibilité confortable, même en plein soleil, même s’il ne fait pas partie des meilleurs.
La calibration des couleurs est, elle, aussi, assez bonne. En mode « Actif » (par défaut), l’écran atteint un delta E 2000 excellent de 2,94, juste sous le seuil de perception de l’œil humain fixé à 3, le tout sur un spectre colorimétrique exigeant, puisqu’il s’agit du DCI-P3. Pour les utilisateurs soucieux d’une précision colorimétrique optimale, le mode « Normal » offre des résultats encore plus impressionnants, avec un delta E moyen descendant à seulement 1,12, mais ne prenant en charge que le spectre colorimétrique sRGB plus simple. Ce mode garantit une fidélité quasi parfaite des couleurs, idéale pour la visualisation de photos et vidéos.

L’écran du Nothing Phone (3a) Pro, même s’il n’offre pas les bordures les plus fines du marché, se positionne comme un atout majeur de l’appareil. La qualité globale de l’affichage est indéniable. La combinaison d’une excellente calibration des couleurs, d’une bonne luminosité et d’un taux de rafraîchissement adaptatif en fait un écran polyvalent et agréable à utiliser au quotidien, même si on aurait préféré l’adoption de la technologie LTPO pour le rendre encore plus économe en énergie.
Performances : le bon compromis ?
Le Nothing Phone (3a) Pro embarque le Snapdragon 7s Gen 3 de Qualcomm, un processeur octocœur gravé en 4 nm. Au quotidien, le téléphone ne bronche pas. Les apps s’ouvrent vite, l’interface est fluide, on zappe d’une tâche à l’autre sans accroc. Rien à redire de ce côté-là . Pour le jeu, c’est du solide aussi. Warzone tourne assez bien, à condition de revoir certains graphismes à la baisse. Wild Rift atteint aussi les 60 fps. De quoi satisfaire les gamers occasionnels.

Niveau benchmarks, le (3a) Pro fait mieux que le Redmi Note 14 Pro+ qui a, pourtant, le même processeur. Il dépasse largement le Xiaomi Redmi Note 14 Pro et son Dimensity 7300 Ultra. Par contre, il ne tient pas la comparaison face à d’autres smartphones tels que le Poco X7 Pro, plus puissant malgré son prix inférieur, ou même face au Galaxy A56 de Samsung.
La chauffe est bien maîtrisée, même en poussant la machine dans ses retranchements. Le téléphone ne dépasse pas les 35°C, c’est très raisonnable. Les performances restent stables dans la durée, pas de throttling marqué. Le smartphone reste stable et tiède en toutes circonstances.
Côté mémoire, on a droit à 12 Go de RAM et jusqu’à 256 Go de stockage. Largement suffisant pour un usage normal. La RAM virtuelle ajoute 2 Go si besoin. Pour la connectivité, rien ne manque : 5G, double SIM, eSIM, Wi-Fi 6, Bluetooth 5.4, NFC. Le strict nécessaire est là , même si on aurait apprécié au moins du Wi-Fi 6E.
Sur l’audio, le Nothing Phone (3a) Pro mise sur un duo de haut-parleurs stéréo qui surprend agréablement. Sans révolutionner le genre, le son est équilibré, avec des médiums bien dosés et des aigus clairs. Seules les basses manquent un peu de punch. Pour le reste, c’est du classique : Bluetooth 5.4 et USB-C, mais pas de prise jack.
Le Nothing Phone (3a) Pro ne révolutionne pas le marché niveau puissance brute. Mais il offre des performances solides et équilibrées, suffisantes pour la plupart des usages. L’optimisation logicielle fait le reste pour une expérience fluide au quotidien. Un bon compromis pour un smartphone milieu de gamme.
Autonomie et charge : il est loin des meilleurs de sa catégorie
Le Nothing Phone (3a) Pro joue la carte de l’équilibre avec sa batterie de 5000 mAh. Pas de quoi battre des records, mais suffisant pour tenir la distance. Dans nos tests, le téléphone a tenu bon pendant près de 17 heures et 19 minutes en usage mixte. De quoi vous accompagner sans broncher pendant une grosse journée, voire deux si vous êtes raisonnable.
Côté recharge, Nothing a mis le turbo avec une puissance de 50 W. En théorie, ça permet de faire le plein en une heure et 5 minutes. Dans les faits, on est un peu en-dessous : comptez 25 % en 10 minutes. C’est correct, sans être révolutionnaire.

Petit bémol, le chargeur n’est pas fourni, une des retombées d’une directive européenne tombée fin 2024. C’est dommage, un adaptateur secteur transparent signé Nothing aurait été un vrai atout. Et si vous espériez de la charge sans fil, passez votre chemin. Nothing a fait l’impasse dessus pour contenir les coûts.
Le Nothing Phone (3a) Pro ne réinvente pas la roue côté batterie, mais propose une solution équilibrée. L’autonomie est solide sans être exceptionnelle, et la charge rapide fait le job sans briller. C’est du costaud pour un milieu de gamme, même si les plus exigeants trouveront peut-être à redire.
Logiciel : Nothing ne fait rien comme les autres
Le Nothing Phone (3a) Pro tourne sous Nothing OS 3.1, basé sur Android 15. Cette interface maison se démarque par son design épuré et monochrome, qui peut surprendre au premier abord. Fini les icônes colorées, place à un trio noir-blanc-rouge qui donne une identité forte au téléphone. On aime ou on déteste, mais ça ne laisse pas indifférent. Heureusement, il est toujours possible d’opter pour une interface Android plus classique si cela vous perturbe trop.

La navigation dans les menus demande un temps d’adaptation, les repères visuels habituels ayant disparu. Mais une fois qu’on a pris le pli, on apprécie la clarté de l’interface. Le tiroir d’applications intelligent, qui classe automatiquement vos apps par catégories, est particulièrement pratique.
Essential Space, la nouveauté
La grande nouveauté, c’est l’Essential Space, accessible via un bouton dédié sur le côté du téléphone. C’est le pari de Nothing sur l’IA, mais avec une approche différente de la concurrence. Pas de retouche photo intelligente ou d’assistant conversationnel ici. L’objectif est de devenir votre mémoire numérique au quotidien.

Comment ça marche ? Un appui sur le bouton capture ce qui est à l’écran, un appui long enregistre une note vocale. Double-cliquez et vous accédez à votre espace personnel où tout est organisé. L’IA analyse vos captures et notes pour en tirer l’essentiel, vous proposer des rappels ou des actions.
Par exemple, vous croisez un objet qui vous intéresse en vitrine. Prenez-le en photo, demandez à Essential Space de vous rappeler de l’acheter, et le tour est joué. Plus besoin de jongler entre plusieurs apps de notes, tout est centralisé ici.
Le concept est prometteur, mais encore en rodage. Certaines analyses prennent du temps, et on sent que le plein potentiel n’est pas encore atteint. Nothing promet d’enrichir les fonctionnalités dans les mois à venir. On regrette l’absence de certaines fonctions IA devenues courantes ailleurs, comme la retouche photo intelligente ou un assistant plus polyvalent. Nothing a clairement fait le choix de se concentrer sur l’organisation personnelle plutôt que sur un assistant généraliste.
L’interface Glyph, signature de la marque, s’enrichit de nouvelles fonctions comme un égaliseur visuel pour la musique. Sympa, mais encore un peu gadget. Le potentiel est là , mais le support des apps tierces reste limité pour le moment. Enfin, côté mises à jour, Nothing s’engage sur 3 ans pour Android et 6 ans pour la sécurité. C’est correct pour un milieu de gamme, même si certains concurrents comme Samsung et Google font mieux.
Nothing OS 3.1 et Essential Space forment un duo original qui se démarque de la concurrence. L’approche minimaliste de l’interface et le focus sur l’organisation personnelle avec l’IA sont rafraîchissants. Cependant, le système manque encore de certaines fonctionnalités devenues standards ailleurs. Une base solide et prometteuse, qui gagnera à s’étoffer avec le temps.
Photo et vidéo : de grandes ambitions plombées par un des capteurs
Le Nothing Phone (3a) Pro marque un tournant pour le fabricant britannique avec l’introduction d’un zoom périscopique, une première pour la marque. Voici la configuration complète de son bloc photo :
- Grand-angle : 50 Mpx, f/1,88, stabilisation optique
- Zoom périscopique x3 : 50 Mpx, f/2,55, stabilisation optique
- Ultra grand-angle : 8 Mpx, f/2,2, 120°
- Selfie : 50 Mpx, f/2,2

Grand-angle
Le capteur principal ne déçoit pas. Il offre des clichés colorés et justes, avec une légère tendance à la saturation qui flatte l’œil. La gestion de l’exposition est maîtrisée, sans aberrations chromatiques notables. On note toutefois une perte de détails sur les éléments lointains et les bords du cadre.
De nuit, le rendu reste satisfaisant tant que l’éclairage est suffisant. Le bruit numérique est contenu et la colorimétrie respecte l’ambiance lumineuse sans correction artificielle. On peut cependant regretter un manque occasionnel de contraste.
Zoom
C’est la star de ce nouveau modèle. Le zoom x3 natif, équivalent à un 70 mm, se révèle idéal pour les portraits et les prises de vue à distance. La qualité est au rendez-vous jusqu’au zoom x6, où l’hybridation entre optique et numérique reste convaincante. Au-delà , jusqu’à un maximum de 60x, la qualité se dégrade progressivement.
De nuit, on observe un léger bruit numérique et un manque de luminosité sur certaines scènes, mais le rendu reste exploitable.
Le mode macro, exploitant ce téléobjectif, offre des résultats surprenants. C’est une approche originale et efficace qui se démarque de la concurrence.
Ultra grand-angle
Le capteur 8 Mpx montre ses limites. S’il offre un champ de vision étendu, les détails manquent de finesse, surtout en comparaison du grand-angle. La cohérence colorimétrique entre les focales est cependant préservée.
En basse lumière, la différence de qualité avec le grand-angle s’accentue, avec une perte notable de détails et une teinte plus chaude. C’est vraiment assez médiocre par rapport aux autres capteurs. On a là le gros point faible du smartphone.
Mode portrait
Le détourage est précis et l’effet bokeh naturel. On note cependant des variations d’exposition selon les scènes. Le rendu final après traitement diffère parfois significativement de l’aperçu, ce qui peut dérouter.

Selfie
Le capteur frontal de 50 Mpx offre une bonne colorimétrie et une exposition maîtrisée. Les détails sont corrects, mais en retrait par rapport aux objectifs arrière. Le mode portrait fonctionne efficacement, avec les limitations habituelles sur les cheveux fins.

Vidéo
Le Phone (3a) Pro filme en 4K à 30 fps ou en 1080p jusqu’à 60 fps. La stabilisation double (optique et électronique) est efficace jusqu’au zoom x3. Au-delà , la qualité se dégrade rapidement.
Le module photo du Nothing Phone (3a) Pro représente une nette évolution par rapport au modèle précédent, notamment grâce à son zoom périscopique. Si l’ultra grand-angle déçoit un peu, l’ensemble offre une polyvalence rare à ce prix. Le traitement logiciel, bien que perfectible, permet d’obtenir des clichés attractifs dans la plupart des situations.
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